Hors du terrain, l’homme est paradoxalement un boute-en-train patenté. La tchatche, il connaît. Les vannes, il adore. Prolixe et de bonne compagnie, il l’est. Dans son monde à lui, l’ennui n’a pas sa place. "Oui, Kim était là. Donc oui, on est rentré tard..." dira ce même joueur justifiant non plus son anonymat, mais sa vie de couple chancelante.
Kim Castellino, c’est cette dualité. Un homme décisionnel. A la fois draconien et pointilleux; rigolard et passionné. Retour sur le parcours d’un type formidablement atypique.
La formation yverdonnoise pour commencer
D’abord, les débuts. Jadis, Team-Vaud n’existait guère. Pour travailler ses gammes, Kim Castellino opte pour la voie unique, le seul réseau offert aux talents d’antan, nous parlons ici d’Yverdon-Sport. "J’y ’ai fait toutes mes classes de juniors, avant de terminer avec Christian Mischler aux Espoirs. A cette époque, je n’étais pas attaquant, mais j’évoluais en défense centrale. Sous Claude Ryf, j’ai fait quelques brèves apparitions avec l’équipe première, en Ligue Nationale B, mais ça n’a pas duré. Pour moi, il fallait alors passer à autre chose."
Se pose alors ce choix draconien, celui qu’impose une introspection, une remise en question personnelle: comment rebondir, et où? La réponse de Kim fuse, le plus simplement du monde: "Je suis tout bêtement parti dans le premier club qui m’a contacté. C’était le FC Grandson d’Alain Nicolet, qui évoluait alors en 3e ligue. Là-bas, on m’a immédiatement donné la chance de m’exprimer." Et tout s’enchaîne. Tout s’accélère. A commencer par son rôle sur le terrain, lui qu’on remanie de la queue de défense à la pointe de l’attaque.
Le don du buteur inné
Les effets collatéraux sont immédiats. Une moisson de buts s’ensuit, ou la reconversion réussie d’un buteur finalement inné. "J’ai tout de suite eu de bonnes sensations avec ce repositionnement offensif, et j’ai commencé à marquer par mal de buts grâce au choix d’Alain Nicolet. 29 la première saison, 36 buts la seconde. Marquer des buts, au jour d’aujourd’hui comme au début, c’est un véritable moment de bonheur. Aujourd’hui, je suis peut-être encore davantage émotif qu’auparavant. Marquer un but, c’est une sensation dont on ne se lasse absolument jamais." Trois années durant, la vie bocane de Kim Castellino s’associe au rendement offensif.
A forcer de régularité, mais surtout d’efficacité, les sirènes s’enclenchent, les coups de téléphone se succèdent; il devient l’homme providentiel, celui qu’on s’arrache. La timbale revient au FC Valmont, alors pensionnaire en 2e ligue. Kim Castellino enfile encore des buts à intervalles régulières. 27 avec Valmont, et une promotion en 2e ligue interrégionale. Qu’est-ce qui fomente le buteur aux yeux d’un finisseur comme Kim? "Pour moi, le meilleur attaquant est celui qui sait se faire oublier. Celui capable de surgir au bon moment pour mettre le ballon au fond. L’attaquant patient et efficace."
Pour briser la spirale, la blessure malheureuse
Et puis, le couac; l’instant redouté, inévitable, le seul empêcheur de tourner en rond: la blessure : "Je réalisais une belle saison de 2e ligue interrégionale à Valmont. J’étais en forme, je marquais des buts, tout allait bien. Et puis, le dernier match du premier tour, je me déchire les ligaments du genou. Pas facile à digérer, surtout à ce moment-là de ma vie de footballeur, à 23-24 ans."
Se pose alors ce choix toujours difficile: comment rebondir, et où? Là encore, Kim arpente la voie de la sagesse, dans la lignée de Confucius qui disait notre plus grande gloire n’est pas de tomber, mais de savoir nous relever. Kimbo reprend alors du service à Champvent, sous l’égide de Manu Bergantinos. Fraîchement promu en 3e ligue, le club l’accueil à bras ouverts, la langue presque pendante, l’incroyable opportunité d’avoir en ses rangs une telle gâchette. Et sa réputation se justifie immédiatement. L’homme transforme des miettes en caviar, exploite chaque ballon avec une réussite diabolique, inscrit des buts avec la tête là où certains ne mettent pas le pied. 30 buts encore, et puis s’en va. Au suivant.
Deux apparitions en Challenge League
A Bavois d’abord (nouvelle promotion de 2e ligue en 2e ligue interrégionale), puis à Baulmes où il s’exhibe tantôt en 2e ligue, tantôt en Challenge League, sous l’œil attendri de Bertine Barberis. "Avec Barberis, j’ai redécouvert les vertus du travail, de la discipline; mais aussi et avant tout, de l’hygiène de vie. J’ai fait deux matchs en Challenge League [Bellinzone, La Chaux-de-Fonds, ndlr] et vécu une belle aventure. Cette expérience m’a beaucoup apporté, notamment aujourd’hui en tant qu’entraîneur." relate-t-il.
Les prémices du poste d’entraîneur le titillent, déjà. Et après une ultime épopée à Champvent en 2e ligue, le voilà muté, presque naturellement, à la tête de la seconde équipe du club.
"Pour moi, la transition de joueur à entraîneur n’est qu’une continuité. Ca répond à un vrai besoin, un intérêt personnel. J’aimerais transmettre à des jeunes ce qu’on m’a appris. J’ai donc repris cette équipe du FC Champvent, même si elle était dans une situation plutôt délicate. Il a presque tout fallu reconstruire. Mais aujourd’hui, les résultats sont là, et mine de rien, on frise la promotion cette année." souligne Kim, comme pour rappeler qu’il s’est fait spécialiste dans l’art du rebondir.
Mais aussi: le tennis en sport-études
Kim Castellino fait également partie des athlètes polyvalents, capables de briller dans toutes les disciplines dont ils s’amourachent, ne serait-ce qu’un peu. Le tennis est son pêché-mignon, lui qui a pratiqué le sport depuis l’âge de quatre ans, pour finalement atteindre, à 18 ans, un niveau N4 national. "Je participais à un programme sport-étude très intensif, avec des entraînements journaliers de tennis. Chaque weekend, j’enchaînais tournois de tennis et matchs de foot. Les semaines étaient surchargées, je n’arrêtais pas. Au bout d’un moment, j’ai saturé, et j’ai dû faire un choix, celui du foot."
Le coach de la deux n’est donc pas du genre à ses reposer sur ses lauriers, aussi confortables soient-ils. Son avenir immédiat se conjugue à celui du FC Champvent, avec l’ambition idoine qu’il sait imposer : "Nous avons trouvé une ossature extrêmement solide. Il nous manque peut-être quelques renforts pour trouver un meilleur équilibre encore. Maintenant, il faut qu’on apprenne à devenir des gagneurs, à savoir gérer les moments-clés des matchs. Je pense que [mon assistant] Florian Magnin est parfait dans ce rôle, il sait imposer cette grinta qu’il nous manque parfois. Florian c’est aussi mon confident, notre collaboration est fructueuse et j’en suis ravi."
Quand progrès passe par discipline
Une chose est sûre, la méthode Kim Castellino ne bougera pas d’une once, dictateur ou intransigeant qu’importe, il ne vendra jamais sa méthode sur l’autel du bien plaire. "J’ai entière confiance en mes jugements. Je sais pertinemment que pour progresser, il faut imposer une ligne claire aux joueurs, quitte à être très dur avec eux. D’ailleurs, la grande majorité de mon contingent l’accepte."
Décisionnel donc, le Kim Castellino. Mais aussi communicatif, partageur et généreux, lui qui n’oublie jamais d’encenser le club: "Le FC Champvent est une grande famille; personne ne peut se plaindre de jouer ici. J’ai connu pas mal de clubs dans ma vie et je peux assurer que ce n’est pas partout pareil. Toutes les personnes qui œuvrent pour le club et qui le font vivre méritent une mention!"
Pour la troupe à Kim Castellino, la reprise de la saison 2012-2013 est fixée au lundi 16 juillet. Depuis la mi-juin, le programme d’entraînement est fixé, les matchs amicaux planifiés. Exigeant avec ses troupes, exigeant avec soi-même.
Cette saison encore, les objectifs à Kim Castellino seront revus à la hausse. Tout comme les objectifs de son équipe. Et qu’importe que cela plaise aux joueurs ou non, car ils suivront le meneur d’homme qu’est Kim Castellino.
Kim Castellino, au fond, est un formidable meneur d'hommes |
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