Notre sponsor

18 févr. 2011

Deux poids, deux mesures. Vive le foot


Il y'a tant d'expressions qui stigmatisent l'injustice. Et au moins autant d'autres qui étayent l'édifice du célèbre "deux poids deux mesures". Dans la vie courante certainement, dans le football incontestablement.

La récente aberration de Genarro Gattuso en est l'exemple cinglant et pathétique, geste outrageusement dédaigneux pour un modèle, joueur adulé, travailleur charismatique qui inspire tant de jeunes. Non seulement de par son style typiquement acharné et mordant; mais également au vu de son palmarès hallucinant - Coupe du Monde, Champions League, Serie A, Coppa Italia, Supercoppa Italiana. En somme, l'homme a tout gagné, y compris une réputation de teigneux, celui qui abat plus de travail que quiconque.

Certes, Gattuso, c'est le mec qu'on imagine balayer une sombre rue de Glasgow plutôt que de broder du côté de Milan. Mais cela n'excuse pas tout.

Quelle sanction pour Gattuso?

Agripper un quinquagénaire anglais en la personne de Joe Jordan, entraineur-adjoint de Tottenham -- et par ailleurs ancien joueur de... l'AC Milan -- ceindre le cou de cet homme, puis, réflexion faite, le infliger un coup de boule relève de l'idiotie. Même après une défaite. Même après une frustration de 90 minutes.

Pourtant, malgré l'image désastreuse que reflète le geste, sa punition sera moindre, à la limite du ridicule. Prenons les paris, les instances dirigeantes de l'UEFA ne puniront Gattuso que d'une maigre poignée de matchs. Allons-y d'un pronostique: deux matchs maximum pour Gattuso. Les paris sont ouverts.

Rien qu'en ce 17 février 2011, parcourir la presse sportive relève, tel un mauvais JT, du véritable catastrophisme. Il y'a d'abord ce supporter de Newcastle, éhonté par l'élimination précoce et sans gloire de la FA Cup de son club par le modeste FC Stevenage (4e division anglaise), qui prend la liberté de frapper un joueur adverse au terme de la rencontre. Sentence: douze semaines de prison, 6 mois d'interdiction de stade. Rien de moins.

Ensuite, histoire moins médiatique, Luis Fernandez est accusé, par la FIFA, du non-paiement d'une amende datant de 2009 dans une affaire relativement nébuleuse impliquant un club qatari. Fernandez nie en bloc. Pourtant, la sentence est claire: Fernandez est banni à vie de toute activité relative au football.

Joueur ou responsable de club, quelle différence?

Lorsqu'il s'agit de punir supporters ou dissidents, les instances aiment à faire des cas d'école, une sorte de prévention à d'autres abus futurs, aussi lointains soient-ils. Mais lorsqu'on juge des joueurs pour des actes malicieux, les protections se font hautaines, l'exemplarité se rabaisse à des sentences moindres, comme si les joueurs bénéficiaient d'un aura de protection, d'une liberté d'action permissive. Deux poids deux mesures, déjà. Et les exemples fusent.

A main gauche, Mathieu Flamini. Tacle atroce, semelle levée, deux pieds en avant, comme à la belle époque où les banalités se réglaient d'abord à grands coups de savates. Résultat: plusieurs semaines d'arrêt pour Vedran Gorluka, le joueur de Manchester City. Sentence: un petit jaune pour Flamini.

A main droite, Leo Messi, buteur face à Santander. Pour célébrer l'acte, Messi soulève son maillot avec un message à l'attention de sa maman, feliz cumple mami, joyeux anniversaire maman. Pas de blessé, pas d'atteinte à autrui; juste la joie potache de dédier un but. Résultat: un maman heureuse. Sentence: un petit jaune. Même sentence que Flamini, donc. Deux poids deux mesures, donc.

Il y'a encore l'exemple Zidane. Coup de boule devant quelques centaines de millions de téléspectateurs en finale de Coupe du Monde, ou quand l'ego passe devant la patrie. Une image désastreuse pour la jeunesse, pour ceux qui avaient fait de Zidane leur idole. Sentence: trois petits matchs de suspension.

En face, Robbie Fowler. Moins brutal, plus subtil. Le joueur de Liverpool fait mine de sniffer la ligne de touche suite aux accusations de dépendance à la cocaïne faites à son égard. Sentence: six matchs de suspension. Deux poids deux mesures, encore.

Alors bien sûr, tous ces exemples -- qui ne sont que quelques extraits parmi tant d'autres --, toutes ces condamnations sont infligées par des instances diverses, de la FIFA à l'UEFA en passant par la FA ou la Ligue espagnole. Mais une chose est sûr, dans le monde du football, le deux poids deux mesures est roi. Dura lex, sed lex.

En attendant la sentence à Gattuso. A découvrir ce lundi 21 février 2011.

Aucun commentaire: