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8 déc. 2009

Rome-Lazio, au coeur du derby romain



Rome a sa cité vaticane. Son riche patrimoine héréditaire. Ses monuments historiques. Son passé sanguinaire. Mais Rome a également son derby footballistique, souvent haineux et belliqueux, pourfendeur d'une rivalité tapageuse. Récit d'un Roma-Lazio au Stadio Olimpico, entre la haine, les pétards et, accessoirement, le foot.

D'un coté, il y'a l'AS Rome, fierté d’une majorité de citadins romains qui se passionnent pour leur foot. Hormis un palmarès plutôt léger (trois championnats d’Italie, neuf coupes d’Italie, aucun titre européen), il serait superflu, voire insensé, ne pas assimiler le club de la louve à son Dieu vivant: Francesco Totti. Totti, c'est l'incarnation personnifiée du club, une idole dans la ville, un Dieu du pré, intouché parmi les intouchables, protégé du peuple giallorossi et véritable icône d'un stade entier acquis à sa cause. Ici, on ne touche pas à Monsieur Totti, surtout pas lorsqu'on est laziale.

Une Lazio en perte de vitesse

Si l'AS Rome représente la cité romaine en soi, le SS Lazio est le club de la région du Latium. Fondé en 1900, soit 27 ans avant le rival de l'AS, la Lazio s’érode dans l'ombre de son rival, à la recherche d'une identité souvent mal reconnue. Pourtant, le palmarès est presque autant fourni (deux championnats, cinq coupes d’Italie, une Coupe de Coupes européenne). Mais depuis le scudetto de 2000, rien à se mettre sous la pupille, si ce n'est une maigre Copa d'Italia, acquise la saison passée. Mais ce succès en Coupe cache un malaise sportif, en souvenir de cette épopée victorieuse de 2000 qui contenait un richissime contingent avec des protagonistes tels que Juan-Sebastien Veron, Pavel Nedved, Alessandro Nesta, Roberto Mancini ou Dejan Stankovic.

Dimanche dernier, c'était l'heure de l'affrontement des braves, dans une arène surchauffée. Un simple de derby de plus, peut-être, mais un derby qui compte. L'AS Rome savait qu'une victoire enorgueillirait non seulement un ego personnel, mais plongerait également son rival dans les tréfonds d'un classement devenu, finalement, symptomatique. Car dans un derby, la hiérarchie ne compte plus, les talents se nivellent, la forme du jour s'absout au gré de la fierté et de l'appartenance à son club.

Du coup, les supporters s'émancipent bravement, se délectant d'un climat devenu, au coup d'envoi, déjà délétère.

En tribunes, ça chauffe

Sur le terrain, ça joue patiemment, sans excès ni entrain. On s'observe. On se tâte. Niveau jeu, on s'ennuie presque, les deux équipes se méfiant pêle-mêle des éventuelles velléités adverses. Si ces équipes se détestent, s'ignorent, se réfutent dans leurs quotidiens, elles ont démontré, dimanche soir, un plan de jeu commun avec un seul mot d'ordre: la prudence.

Dans les tribunes par contre, c'est du lourd. Du costaud. Pas de place pour l'observation ni la tergiversation. Ici, les regards sont masqués par des écharpes noires, les têtes couvertes de sombres capuchons, comme pour se couvrir d'une haine habitée, d'une rage intérieure qu'on espère extérioriser sous une quelconque forme de violence. On se méfie de l'adversaire comme de la pègre, on est prêt à l'immoler de toute sa haine.

10 minutes de jeu, premier pétard, première tension, premiers frémissements. Des énormes sonnées retentissent dans les travées de l'Olimpico, les supporters laziale lancent de gigantesques pétards directement dans les tribunes du public de l'AS. Sur le terrain, ça reste relativement tranquille, mais dans les tribunes, la Lazio passe à l’attaque. Il n'en fallait pas plus pour que les cagoules se rajustent, pour que les yeux avinés se chargent davantage de haine, de rage, de peur. Le match devient caduc car depuis les tribunes, la détestation de l'adversaire prend une importance passionnelle.

Une rage incontrôlable et des sièges arrachés

Les pétards se substituent d’ailleurs au jeu, le temps que l'arbitre interrompe un match devenu dangereusement vivable tant pour les supporters romains assiégés par de véritables bombes, que pour la sacro-sainte sécurité des joueurs. 10 minutes plus tard, le match peut certes reprendre, mais le mal est fait; l'arène des gladiateurs étant définitivement embaumée d'une atmosphère lourde.

Sur le terrain, ça s'anime la moindre, avec une SS Lazio qui se crée une énorme double-occasion par Zarate et Mauri. Côté spectateurs, un pan complet des tribunes de l'AS Rome a été évacué, par prudence. Un cordon de policiers s'est formé, nimbant les deux clans de supporters.

Mais l'inconscience n'a d'égal que la folie d'un ultra laziale, qui, réussissant à s'immiscer du côté des fans de la Rome, se lance seul (oui, tout seul!), tête baissée, avec sa seule ceinture en main comme arme, dans le camp de l'AS Roma. A deux mètres de nous, il assène un violent coup de ceinturon au premier giallorossi venu, avant d'être tabassé par tous les romains qui ont réussi à l'approcher. Il ne doit sa survie qu’a la rapidité des forces de l’ordre, qui ont su l’extraire d’une foule furieuse. En clair, ce laziale est venu affronter seul, en kamikaze de sa cause biancocelelesti, une horde de 5,000 romains cagoulés et haineux, furieux et intrépides. De la folie, tout simplement.

Heureusement, le match se décante. Et en évitant grâcieusement les objets et sièges arrachés que tentent de nous lancer les fans de la tribune supérieure, on assiste à quelques bons mouvements, (la volée de Riise notamment) certes trop rares pour calmer les ardeurs d'un public bafoué, mais suffisamment agréables pour nous rappeler que nous sommes ici pour un match de foot...

Du foot, enfin

Puis vint la délivrance, la récompense suprême pour les esthètes du foot, pour les amateurs du jeu et sport: un but. Une réussite récompensant l'AS Rome, somme toute plus entreprenante que son rival historique. Chez les tifosi de l'AS, c'est l'érection jubilatoire, le fantasme sportif: la Lazio est à terre, souffrante et moribonde, engoncée dans sa méforme actuelle.

En tribune, ce but nous vaut un déplacement de quinze mètres sans que nos pieds ne touchent même le sol. On est balancés, transbahutés par la joie des giallorossi. Une joie transmissive, adoubée par un long monologue d'insultes à l'égard des laziale désormais sans voix, dépourvus de pétards et de tout esprit de révolte.

Veni, védi, vici aurait pu hurler, dans un élan de politesse l'ami Florian Simonini.


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Le résumé du match





Le derby capitalismo, ou Totti versus Zarate




 L'AS Roma a gagné, plongeant son rival dans des doutes profonds



 
Le pote à GD était content...





1-0, ça suffit!




Dans l'enceinte, on peut boire des bières (avec alcool) et des Borghetti sans problème. De ce côté-là, y'a certainement moyen de faire quelque chose...





Non, nous ne sommes pas venus en touristes. Surtout pas Grandjean et Burette...




Florian Simonini, un guide heureux qui nous a fait croire qu'il connaissait la ville...





A Rome, on ne mange pas bien dans tous les restaurants, demandez à Vanotti...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Faut aller voir River-Boca, tu verras un derby chaud!!!